lundi 13 juillet 2009

Bernard Guerbadot : Clin d'oeil à cet artiste qui a longtemps accompagné Gérard Duchêne.













Dessin mémoire. 1988.
Bernard Guerbadot.
38 x 56,5.
Dessins originaux surmontés d’une impression
sérigraphique réalisée par Alain Buyse,
à l’occasion de l’émission de télévision
Les doigts dans la prise, consacrée à l’éditeur lillois.

Procédure de travail :

Dans ce travail Bernard Guerbadot cherche à interroger la part créatrice de la mémoire dans le travail de l’artiste. Et pour cela il se propose une expérience singulière en quatre étapes.
1 - découper en morceaux un dessin et en faire un nouvel ensemble qui n’a plus la logique d’un travail graphique cohérent de la main.
2 - Apprendre par cœur ce motif (avec des calques, des reperes spatiaux, une habitude de la main à reproduire …)
3 - Ranger le modèle et le reproduire sur une longue période, en jouant avec sa mémoire (il range systématiquement à l’abri du regard les travaux finis), il travaille en aveugle, dans la pure hospitalité de la feuille blanche.
4 - Enfin ayant l’impression d’avoir suffisamment produit, il prend le paquet où se trouvent les travaux et demande à Alain Buyse d’y imprimer le motif du collage modèle.
Le résultat est vibrant, une soixantaine de travaux regroupés en deux séries, l’une en couleur sous le nom de "Après la télé", et une série plus importante au crayon avec parfois des rajouts de peinture blanche, qui se nomme "Pendant la télé" (en référence au passage de l’équipe de tournage). A regarder les travaux dans le détail, il est possible d’y dégager différentes approches : Parfois il cherche à suivre strictement le model, à reproduire les motifs, mais souvent vient s’y ajouter un travail plus libre où l’artiste s’amuse à construire des formes qui prolongent, ou redessinent les motifs (l’accrochage de l’exposition cherche à faire apparaître cette variation comme si celle-ci était progressive, mais ce n’est là qu’une supposition de notre part). En regardant ce travail présenté au mur, ce qui marque de prime abord c’est la vibration que produisent les décalages, l’imprécision de la mémoire donne de la profondeur (à chaque fois nouvelle) à la rigidité du motif sérigraphié. C’est une confrontation de deux mécaniques, celle de la machine sérigraphique, et une autre, qui serait celle de la mémoire, qui dans ce geste artistique se révèlent l’une à l’autre.La mémoire est une matière pour Bernard Guerbadot, elle est interrogée dans de nombreuses expériences. Souhaitons que nous aurons l’occasion d’en découvrir d’autres facettes lors de futures expositions. Quant au rapport entre imprimé mécaniquement et travail de la main, il se développe de multiples façons dans son œuvre, et ses nombreuses collaborations avec l’éditeur Alain Buyse en sont de vibrants témoignages.
David Ritzinger, Lille.



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