TEXTRUCTION
(manifeste)
(manifeste)
Mao Tsé-Toung.
« l'identité d'un symbole ne peut jamais être fixée depuis l'instant où il est symbole, c'est à dire versé dans la masse sociale qui en fixe à chaque instant la valeur .»
Ferdinand de Saussure.
TEXTE – ESPACE – CORPS
La pratique du groupe TEXTRUCTION opère dans une société où s'est constituées une immense accumulation de textes qui va des bibliothèques, témoins des valeurs « culturelles », aux inscriptions d'une quelconque rue qui préserve les données commerciales. Or, semble-t-il, le texte n'est pas la preuve d'une valeur. Les sens qu'il véhicule ne peuvent être pris comme des expressions privilégiées, ce qui renforcerait la thèse idéaliste d'un signifié transcendantal. Au contraire, il faut le (com)prendre comme un espace où agissent des forces idéologiques, politiques, économiques; à chaque instant perturbé par les secousses que ces mêmes forces lui impriment, comme le serait un corps. Le texte littéraire, dont la cohérence n'est fondée que sur des notions ne faisant pas appel à son mode de production : le « beau », et le « poétique », cohérence qui se révèle toute névrotique, est donc sujet à suspicion. Au nom de l'expression on refoule la matérialité de l'écrit, l'activité du corps qui l'inscrit et l'espace spécifique produit par cette activité.
SIGNE – FORME – SUPPORT
L'utilisation simultanée de signes alphabétiques et de signes plastiques (et parmi ces derniers sont compris les supports : toiles, cartonnages, croisillonages) tend à les mettre en relation d'équivalence. Il s'agit de faire en sorte que le signal chromatique, ou plus généralement tout signal perçu, se comporte comme un signifiant, ou encore que s'établissent des rapports inédits entre les sens et les supports. Par ailleurs, le référent est reporté à l'intérieur même de la scène de l'écriture, au cœur de son « économie ». D'autre part le signe plastique, au niveau du support ou de son inscription sur lui engendre l'espace du texte et le mode d'efficience de ce dernier, espace homogène ou discontinu, rythmé ou en déséquilibre.
OBJET – CIRCUIT
Les textes produits par le groupe mettent en scène l'inscription dans le champ de la vision. Objets physiques, segmentés, délimités dans l'espace, ils sont le lieu d'une contradiction entre leur finitude et l'infini productif des signes et de la langue, contradiction qu'il faut dépasser par un travail théorique d'élargissement de la pratique spécifique ainsi amorcée.
Autrement dit, il s'agit d'établir une distinction entre les objets réels circulant dans un contexte social donné (exposition, circuit marchand) et des objets de connaissance toujours décentrés par rapport au sujet dans l'infini espace du savoir.
VERS UN CHAMP UNITAIRE DES PRATIQUES SIGNIFIANTES
La pratique du groupe TEXTRUCTION ne se présente plus comme il y a quelques mois (novembre 1971) à la jonction exclusive des champs de l'écriture et de la peinture. Le rejet du dualisme écriture-peinture, sanctionné par la pratique spécifique du groupe, et qui a marqué un progrès considérable, n'est plus considéré comme une fin en soi. Il s'agit désormais d'élargir ce champ vers toutes les pratiques signifiantes dans une perspective unitaire dont le corps peignant, écrivant, se mouvant est le sujet. Cette présence du corps à travers l'autre corps que le texte constitue, il est nécessaire de la réaffirmer sans cesse, d'en assumer toutes les implications dans une perspective dialectique et matérialiste.
Le groupe TEXTRUCTION :
George Badin, Gérard Duchêne
Gervais Jassaud, Jean Mazeaufroid.
Texte publié sous la forme d'un tract imprimé noir sur papier rouge, comportant un assemblage de vues des différentes pratiques plastiques des quatre artistes. Ce tract a été ré-édité à l'occasion de l'exposition de Gérard Duchêne au Musée d'Art Moderne de Villeneuve d'Ascq, dans le catalogue « Hors Langage ».
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