Gérard Duchêne a d'abord publié des poèmes, mais très vite il s'en est pris au corps du texte lui-même, imprimé aussi bien que manuscrit, pour expérimenter les moyens les plus divers de le rendre illisible et d'en souligner la matérialité première. Ce faisant il collabore au groupe Textruction, puis à la Galerie 30 (face à Beaubourg à Paris), élabore des livres peints, des recueils de textes brouillés, de nombreuses sérigraphies (notamment à Lille, dans l'atelier d'Alain Buyse), et coopère fréquemment avec d'autres artistes, déployant une activité polymorphe qui tourne inlassablement autour du texte et de sa traditionnelle prétention à confirmer l'existence d'un sujet psychologique. S'il est vrai que toute écriture symbolise la loi fétichise le scripteur, la désécriture de Duchêne signale, notamment dans la longue production du « journal d'Il » entreprise depuis 1977, la contestation de la première et la mise en question du second. L'usage, dans les toiles récentes, de couleurs – séduisantes mais à leur tour soumises à des techniques d'arrachement et de brouillage – indique un pas en avant supplémentaire dans la démarche d'un artiste attaché à ne pas (se) figer (dans) son œuvre et soucieux de ne séjourner que sur la ligne fragile qui sépare une affirmation exténuée du simple mutisme.
Gérard Durozoi – Mars 1991.
H. Michaux – Poteaux d'angle – Éditions Gallimard.
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L'individu est mort, que vive
l'individu!
Que vive celui qui a le courage d'être mort
d'être ce qu'il est :
un troisième, un quelque chose
entre les deux, sans nom pourtant
au dehors.
Ekelöf – Le Chant du Passeur – 1941.
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Il importe peu de dire.
Il faut réaliser son inconscience.
Se distraire dans ses faiblesses, user
sa volonté pour que rien ne dure, ne subsiste
du squelette qui résonne à chaque mot
que l'on prononce...
G. Duchêne – 1990 -
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Un glace en face de moi
se mit à rire
du même rire que moi.
F. Picabia – Poèmes de Dingalari -
Extraits du livre-objet « ANTICIPATION (Mémoire d'expositions) », 1991 édité par la MACC de Fresnes, et le Centre d'Art Contemporain de Corbeil-Essonnes. Tirage à 530 exemplaire, imprimés en sérigraphie par Alain Buyse, Thomas Boyer et Yves Royer. Les 30 premiers exemplaires constitues l'édition de tête avec un emboitage, et une signature de G. Duchêne et G. Durozoi qui y a commit un texte...
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